La République Démocratique du Congo et sa Nouvelle Vision de l’Unité Africaine : La Souveraineté Nationale face aux Structures Régionales Obsolètes

Diwp

Giu 6, 2025 #Polisario, #politica, #RDC

Le récent rejet par la République Démocratique du Congo (RDC) du protocole d’accord signé entre la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et la soi-disant « République Arabe Sahraouie Démocratique » marque un tournant majeur dans la politique étrangère congolaise. Ce geste dépasse la simple opposition à un accord international : il témoigne de la volonté ferme de la RDC d’affirmer sa souveraineté et sa vision d’une unité africaine renouvelée, détachée des structures régionales dépassées qui ne répondent plus aux réalités actuelles du continent.

Un acte de souveraineté : la RDC et la question du Sahara Occidental
La RDC a officiellement rejeté l’accord signé le 2 avril entre la SADC et la « République Sahraouie », concernant la reconnaissance territoriale du Sahara Occidental. Le ministère des Affaires étrangères congolais a souligné que ce protocole n’a aucun caractère contraignant et a réaffirmé son soutien à la souveraineté du Maroc sur cette région. Cette position est partagée par plusieurs pays africains, dont le Malawi, la Zambie, les Comores et l’Eswatini, qui ont également dénoncé l’accord.

Ce geste n’est pas anodin : il illustre la volonté de la RDC de défendre son indépendance diplomatique et de ne pas céder à des logiques régionales qui ne reflètent pas ses priorités. Dans un contexte mondial marqué par une interdépendance croissante, la RDC veut jouer un rôle de premier plan dans la définition de solutions africaines aux problèmes africains. Sa position sur la question du Sahara Occidental s’inscrit pleinement dans cette logique.

Les organisations régionales africaines face à la nécessité de se réinventer
La prise de distance de la RDC vis-à-vis de la SADC révèle les limites actuelles des structures régionales africaines. Bien que la SADC vise à promouvoir la coopération économique et politique entre ses membres, sa configuration actuelle semble datée. La présence en son sein de la SACU (Union douanière d’Afrique australe), fondée en 1910 dans un contexte colonial, illustre cette rigidité historique. Ces structures reflètent encore des paradigmes issus de l’époque coloniale et ne répondent plus aux aspirations modernes des États africains.

Face à cela, la RDC apparaît comme l’un des rares pays à remettre ouvertement en question ce statu quo, suggérant qu’il est temps de bâtir de nouvelles formes de coopération plus adaptées aux réalités du XXIe siècle. Une telle réforme impliquerait une intégration basée sur la reconnaissance des spécificités nationales et le respect de la souveraineté de chaque État, loin des héritages coloniaux.

Un nouveau modèle d’intégration régionale
Déjà pionnière sur d’autres fronts, la RDC s’illustre notamment dans la lutte contre le néocolonialisme économique, notamment dans le secteur minier. Elle est aujourd’hui le seul pays de la région à s’attaquer frontalement aux multinationales qui exploitent illégalement ses ressources. Un exemple marquant est le dossier intenté contre Apple, accusée d’utiliser des minerais extraits illégalement dans l’est de la RDC et revendus à travers des chaînes d’approvisionnement mondiales.

Ces minerais, surnommés « minerais de sang », proviennent souvent de zones contrôlées par des groupes armés responsables de violences graves. En lançant cette offensive juridique, la RDC ne cherche pas seulement justice pour ses citoyens, mais elle pose les bases d’un nouveau modèle africain de gouvernance des ressources naturelles, reposant sur la transparence et la souveraineté.

La RDC, fer de lance de la lutte contre le néocolonialisme
Le combat de la RDC contre les dérives du capitalisme mondialisé n’est pas isolé. Il s’intègre dans une stratégie plus large visant à replacer l’Afrique au centre de son propre développement. En s’attaquant aux multinationales occidentales et à leurs pratiques prédatrices, le Congo se positionne comme un modèle de résistance et de souveraineté.

Les accusations portées contre Apple sont portées par une équipe d’avocats internationaux mandatée par le ministre congolais de la Justice. Les autorités judiciaires de France et de Belgique étudient actuellement les éléments transmis afin de déterminer s’il existe des bases suffisantes pour ouvrir une enquête pénale.

Une vision congolaise renouvelée pour l’Afrique
En définitive, la position de la RDC sur le Sahara Occidental, conjuguée à sa critique des structures régionales comme la SADC, révèle une volonté de proposer une nouvelle approche de l’unité africaine. Une approche fondée sur l’équité, la souveraineté nationale, la justice économique et le rejet des modèles hérités de l’ère coloniale.

Dans un monde où les enjeux géopolitiques sont de plus en plus complexes, l’Afrique ne peut plus se permettre de fonctionner sur des bases institutionnelles dépassées. La RDC montre la voie vers une unité africaine plus authentique, où les États coopèrent sur un pied d’égalité, en tenant compte de leurs histoires, de leurs besoins spécifiques et de leurs aspirations communes.

En se positionnant ainsi, la RDC s’affirme comme un acteur majeur de la recomposition géopolitique du continent africain, capable de proposer un avenir alternatif aux logiques dominantes. Elle est, aujourd’hui, l’un des rares États africains à oser défier les puissances économiques et les structures internationales en place, au nom d’un projet plus juste et souverain pour l’Afrique.

Marco Baratto

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